Boudevilliers À première vue cette belle bâtisse du XVIIème siècle nous prête à l’évasion bourgeoise de la noblesse neuchâteloise d’antan. À la Joliette, la multi-culturalité et l’intégration prennent tout leur sens. C’est là une expérience dans la réalité d’un autre « monde économique ».
Petite immersion dans le champ des possibles d’une insertion socio-professionnelle…
Genèse Suite à une décision du Conseil d’Etat de la République de Neuchâtel en 1997, la Joliette allait devenir un lieu pour offrir des places d’insertion socio-professionnelles basées sur la solidarité et l’entraide pour les autres, entendez… « les cabossés » de la vie. Pour cette dernière, il est essentiel de mettre en lumière les actions positives et bénéfiques des participant.e.s là où il est également important que chacun trouve sa place dans la société et puisse développer son potentiel. Les participant.e.s dans les différents ateliers sont encadrés par une équipe de professionnels qui les aide à développer leurs compétences afin que personne ne reste sur le bord du chemin, ni enfermé dans ses problèmes et ainsi devenir son propre acteur face à sa situation. Dans cette optique, la mission du CSP, par son programme d’insertion de la Joliette, nous rappelle qu’aucun mur n’est infranchissable et que l’horizon est toujours ouvert à une foule de possibles permettant de trouver le bon point de départ et d’explorer de nouvelles voies pour dépasser les difficultés. À cet égard, le programme de la Joliette est une source importante d’inspiration et d’épanouissement pour tout un chacun. Comme disait Albert Einstein, […les problèmes sans solution n’existent pas, il n’y a que des problèmes mal posés.]
Reconnaissance et plus-value L’éthique de cette maison sociale et multiculturelle est basée sur une structure horizontale, qui procure aux bénéficiaires de pouvoir réactiver leurs compétences socio-professionnelles et artistiques afin de mener à bon port leurs projets personnels. Le travail est axé sur le champ des possibles- permettant d’être reconnu par les milieux de l’emploi et du patronat. Cette régularité au rythme du travail offerte par la Joliette, ouvre une petite fenêtre à un horizon meilleur dans cette société où les plus « petits » sont poussés sur la rade de la marginalité et de la précarité. Cette contribution des participant.e.s active et solidaire réactive, dynamise l’esprit d’équipe et la motivation dans un cadre humain, social et multiculturel. La mise en valeur de cette plus-value et de cette main d’œuvre est un atout considérable à l’insertion socio-professionnelle ainsi qu’à la « lutte » contre le chômage dans le canton.
Et comme le disait Jean Rousseau : « Il faut de la poudre à nos perruques ; voilà pourquoi tant de pauvres n’ont pas de pain. »
Pour rappel, les boutiques du CSP à La Chaux-de-Fonds, à la Jonchère et à Neuchâtel permettent également aux personnes intéressées par le domaine de la vente et du commerce de détail d’être accompagnées dans leurs démarches d’insertion socio-professionnelle. Ces contrats permettent ainsi à chacune et chacun de gagner en confiance et de reprendre un rythme professionnel dans un cadre proche du monde du travail.
https://www.joliette.ch
L’initiateur La mesure d’insertion sociale « la Joliette » est un projet qui avait été imaginé par Christian Beuret durant ses études. La Fondation la Joliette, liée au CSP, a pu offrir le cadre à la réalisation de ce projet au travers de la bâtisse la Joliette à La Jonchère. Ainsi, va naitre un projet authentique à l’image de son initiateur qui va à la rencontre des bénéficiaires de l’aide sociale, des réfugiés, des requérants d’asile, des chômeurs et de toutes celles qui sont dans la mouise. Insertion, ouverture, dignité et rencontre, voilà les maîtres, les nobles mots de maître Christian aux belles œuvres de solidarité active, amour et partage. Christian Beuret était un humaniste, généreux, idéaliste, utopique et d’une sensibilité à fleur de peau envers son prochain. Après 20 ans, l’archange protecteur s’en est allé laissant derrière lui une exemplarité et une trace durable dans le domaine du social et des réfugiés dans le canton, voire en suisse.
Pour rappel, durant tout son mandat ce dernier était employé par le CSP.
Merci encore Christian, tu étais les paroles et les actes vivants à l’image d’un « Christ » des temps modernes. Tu resteras un bel exemple à suivre…
Adieu l’ami à jamais dans nos cœurs.
Et comme le disait Buddha : « On peut allumer des dizaines de bougies à partir d’une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant. »
Interview : Aurélie Planas (codirectrice du CSP)
César Evora « Bonjour Madame, Depuis quand êtes-vous la co-directrice du CSP et quel bilan en tirez-vous ? »
Aurélie Planas « Je suis entrée en fonction au mois de juin 2022. Mon bilan est positif. J’ai été bien accueillie et l’avenir est prometteur avec des collaborateur.trice.s compétent.e.s et une institution saine. »
César Evora « Selon vous votre nouvelle fonction est-elle lourde ? »
Aurélie Planas « C’est parfois lourd à porter comme dans toute fonction à responsabilité. Nous avons la chance d’être deux et de pouvoir compter sur des équipes de qualité et très compétentes. »
César Evora « Recevez-vous assez de dons, de mécènes, du privé et du soutien de l’état ? »
Si oui ces dons ont t’ils subit des modifications qui permettent au CSP de bien mener sa mission sociale à l’échelle neuchâteloise ? »
Aurélie Planas « Nous avons des contrats de prestations avec l’Etat et recevons des dons privés notamment. Mais notre budget est très serré ! Néanmoins, ces dons nous permettent de financer une partie de nos prestations et sont donc essentiels pour le CSP. Bien entendu, nous sommes toujours à la recherche de nouvelles sources de financement. Vu l’inflation, la conjoncture et le coût élevé de la vie, ces dons restent fluctuants. »
César Evora « Collaborez-vous avec d’autres institutions sociales ? »
Aurélie Planas « Oui dans différents secteurs et associations dont : Bel Horizon, Pro-Senectute, Nomad, Marché de l’Univers, etc.. »
César Evora « Quels sont les différents types de contrats d’insertion socio-professionnelle (ISP) que le CSP propose ? »
Aurélie Planas « Nous avons deux programmes ISP au CSP, à savoir la Joliette et Ressources. »
César Evora « Hormis le service d’aide sociale collaborez-vous avec l’office de l’emploi en faveur des bénéficiaires des prestations de l’assurance chômage ou des mesures d’intégration professionnelle (fin de droit) ? »
Aurélie Planas « Oui nous collaborons également avec ces deux services cités. »
César Evora « 2023 est l’année d’un jubilé avec les 175 ans de la fondation de la république neuchâteloise et le Xème anniversaire du droit de vote des étrangers. Le CSP s’associera t’il aux festivités de ce jubilé ? »
Aurélie Planas « Nous n’avons pour le moment pas été contactés. Dans le cadre de la journée des réfugiés, le CSP participe en montant des stands. En quelque sorte, nous apportons notre contribution avec l’aide d’une partie de l’équipe de la joliette. »
César Evora « Parlez-nous de la Fondation de la Joliette, ensuite reprise par le CSP, sur la base d’un projet d’études réalisé par feu Christian Beuret. L’avez-vs connu ? Si oui parlez-nous de lui, de son travail accompli et de sa trace durable ? »
Aurélie Planas « La Fondation de la Joliette est devenue propriétaire du bâtiment en 2018. Le programme ISP a été créé par le CSP et mise en place par feu Monsieur Christian Beuret qui était un employé du CSP. Je n’ai pour ma part pas eu la chance de le connaître ; Mais sa trace fondatrice a laissé une grande partie de ses idées sociales et humaines. »
César Evora « Mettre du cœur dans l’accueil des personnes en difficulté » disait Christian.
« Qu’en pensez-vous ? »
Aurélie Planas « Il a complétement raison ! Et au sein de la Joliette ça reste d’actualité
afin d’offrir le cadre le plus accueillant possible. »
César Evora « Merci pour votre bonne collaboration et accueil. Belle journée à vous »
Interview Jean-Marie Créchard (Responsable des programmes socio-professionnelles du CSP, la Joliette et Ressources)
César Evora « Bonjour Monsieur, qu’est-ce que cela représente pour vous d’être le nouveau responsable de la Joliette ?
Jean Marie Créchard « Pour moi c’est un nouveau challenge. Cette charge représente un grand investissement comme dans le démarrage de toutes nouvelles fonctions. »
César Evora « Quelles sont vos responsabilités dans votre nouvelle fonction ?»
Jean Marie Créchard « C’est avant tout d’accueillir les nouveaux participant.e.s et d’être un tremplin entre eux et leurs accompagnements dans la réalisation de leurs projets d’insertion sociale et professionnelle. Ça demande de l’organisation, de la planification. D’être garant de l’objectif d’accueil en lien avec le cahier des charges, sans oublier la préparation et le suivi du budget approprié.
Cette charge inclue notamment, que je sois initiateur de nouveaux projets en lien avec la mission du CSP tout en restant le représentant et la personne de contact à l’externe. »
César Evora « Comment trouvez-vous l’ambiance dans votre nouvel environnement professionnel ?»
Jean Marie Créchard « C’est un cadre convivial et familial.
C’est aussi une aide et une richesse… dans tous les domaines. »
César Evora « Pouvez-vous me décrire brièvement l’organisation interne ? »
Jean Marie Créchard « Nous avons plusieurs ateliers avec différents responsables par secteur. »
César Evora « La Joliette poursuit des buts nobles qui mettent au premier plan l’humain, la solidarité, le partage et autres valeurs chères au commun des mortels. Pouvez-vous nous dire davantage ? »
Jean Marie Créchard « Nous accueillons la personne dans toute son intégrité physique et morale et tenons compte des besoins de chacun dans la mesure du possible. Sans aucune forme de jugement nous mettons l’humain au centre du dispositif dans le respect et l’éthique du CSP.
César Evora « Pouvez-vous me dire un peu plus sur votre team de travail ?
Réunions, fréquences et mises au point ? »
Jean Marie Créchard « Une fois par semaine nous nous réunissons avec l’équipe et les bénéficiaires inclus. Le mercredi est réservé à l’équipe des responsables d’ateliers pour un moment d’échanges, d’informations où nous abordons les besoins et demandes des participants. Une fois par mois a lieu une rencontre avec les directrices pour des infos d’ordres institutionnelles. »
César Evora « Quelle est l’atmosphère de travail entre vous, votre équipe et les participants ? »
Jean Marie Créchard « C’est un micro société qui crée du lien et de l’inter-enrichissement en apprenant à se connaître. »
César Evora « Comment se déroule une journée type de travail à l’interne ? »
Jean Marie Créchard « Tous les jours sont différents. Nous vivons avec les réalités des participants et c’est nécessaire voire un prérequis quant à l’adaptation à la Joliette. »
César Evora « Combien de participants pouvez-vous accueillir et à quel taux travaillent t’ils ? »
Jean Marie Créchard « Nous avons la capacité d’accueillir 46 personnes à 100% dans les deux programmes, Ressources compris. Le taux et le nombre de personnes restent variables, ce qui offre aux bénéficiaires d’avancer en harmonie. Ils ont tous des histoires marquées par les différentes épreuves de la vie. Notre but est de les accompagner et de ne pas les mettre en situation d’échec programmé. Bien au contraire ! »
César Evora « Lors des briefings entre votre équipe et participants abordez-vous aussi des questions d’ordres sociales, existentielles et philosophiques ? »
Jean Marie Créchard « Oui ça peut arriver mais ça doit être en accord avec le fonctionnement interne. Des échanges de ce genre peuvent aussi avoir lieu lors des repas de midi. »
César Evora « Quelles sont les qualités, aptitudes et compétences que vous jugez nécessaires pour exécuter la mission de la Joliette ? »
Jean Marie Créchard « A la base j’ai une formation d’assistant social qui me permet de répondre aux attentes du poste. L’amour de travailler avec les gens est essentiel pour remplir une telle et noble mission. »
César Evora « Décrivez-moi la prise de poste ? (Formation, passation en binôme avec la personne qui quitte le poste…) »
Jean Marie Créchard « J’ai été engagé en remplacement de Monsieur Moser mais entretemps c’est Aurélie Planas qui s’est occupée ad interim de ce secteur. »
César Evora « Des évaluations individuelles sont-elles au programme ? »
Jean Marie Créchard « Oui. Des évaluations régulières sont organisées où nous effectuons le bilan des objectifs et des attentes individuelles. Ce qui va dans le sens d’un ISP d’une durée de deux ans.
César Evora « Après le passage de vos participants à la Joliette y’a t-il un suivi de votre part dans leur évolution professionnelle ? »
Jean Marie Créchard « Ce n’est pas systématique ! Il n’y a pas d’obligation et ils restent libres de nous informer. Ce n’est pas dans nos prérogatives. »
César Evora « Avez-vous un journal au sein de votre structure ? Si oui pouvez-vous nous parler de sa diffusion et à qui est-il adressé ? »
Jean Marie Créchard « Oui nous avons un Journal du CSP « Les Nouvelles », qui compte 4 éditions par année. »
César Evora « Cela va sans dire que la Joliette est sensible à l’écologie et aux produits bio dont la fabrication du pain et dans la préparation des menues maisons. Que pouvez – nous dire à ce sujet ? »
Jean Marie Créchard « Nous sommes soucieux et favorisons les produits de la région et de notre jardin. Nous portons une attention toute particulière au niveau de nos déchets bios-organiques (compost). Nous procédons au recyclage en récupérant différents matériaux que nous remettons en valeur. Dans la mesure de nos moyens et de nos compétences, nous revendons tout matériel électronique après contrôle technique et réparation. Ce matériel est aussi vendu à un prix très modique dans nos Boutiques de seconde main, à nos bénéficiaires et dans certains cas, donnés à ces derniers cités. Quant au textile non utilisable, nous le donnons à l’Atelier 93.
Pour rappel, nous collaborons avec Table Suisse. »
César Evora « Je vous remercie pour votre bonne collaboration.
Belle journée à vous. »
Interviews réalisés à la Joliette le 21 avril 2023