Quel est le but des séances de La Lanterne Magique?
La Lanterne Magique propose aux enfants de se réunir une fois par mois, au cinéma, pour découvrir des films récents ou du patrimoine. Notre objectif est avant tout que les enfants prennent du plaisir en découvrant toutes sortes d’œuvres, et que cela aiguise leur regard artistique et leur esprit critique.
Quelles visées pédagogiques avez-vous?
La Lanterne Magique propose essentiellement une éducation à l’image à travers le cinéma. Les enfants apprennent à regarder des films différents, et par conséquent, à regarder les images différemment. Quelques jours avant la séance, les membres reçoivent à la maison un petit journal qui permet de mieux comprendre le film, connaître le contexte de sa réalisation ou des éléments concernant l’histoire du cinéma. Juste avant la projection, une animation avec des comédien·nes permet également d’approfondir un thème lié au film ou au cinéma de manière ludique. Ainsi, les enfants s’initient au cinéma, et un peu au théâtre aussi!
Est-ce que les projections peuvent faire des enfants de futurs cinéphiles?
C’est difficile d’évoquer une future cinéphilie, mais ce qui est certain, c’est que la programmation permet aux enfants de voir des films qu’ils n’auraient sans doute pas l’opportunité de découvrir par ailleurs. Parfois, cela permet de faire naître une véritable passion pour le cinéma, au point de faire carrière dans le métier, mais très souvent en tout cas, les enfants gardent un souvenir marquant des séances, que ce soit une image d’un film qui reste gravée ou simplement les bons souvenirs de se retrouver seuls ou avec leurs copains, au cinéma.
Quels types de questions suscitent les films?
Les parents nous font généralement confiance quant à la programmation, mais il arrive qu’ils nous contactent avant une séance et demandent si le film est bien adapté à l’âge de leur enfant. Notre programmation, et le matériel pédagogique qui l’accompagne, sont adaptéws pour le public des 6-12 ans, et cela inclut des films qui font «un tout petit peu peur ou un tout petit peu pleurer». C’est notre vocation d’accompagner les enfants dans toutes les émotions qu’ils peuvent ressentir face à un film, y compris les émotions désagréables, auxquelles les enfants seront forcément confrontés un jour ou l’autre dans leur vie. Le cinéma permet de les y préparer.
Pensez-vous que tous les sujets peuvent convenir à des enfants?
Tout à fait, c’est la manière de raconter qui importe. Prenons l’exemple du fameux «Ma vie de courgette», du réalisateur suisse Claude Barras. En résumé, le film raconte la vie d’un petit garçon qui a tué par accident sa mère alcoolique et qui se retrouve hébergé dans un foyer d’accueil. Sur le papier, cela paraît beaucoup trop rude pour un jeune public, et pourtant, c’est tout l’art d’un réalisateur comme Claude Barras d’être capable de raconter des histoires de toutes sortes en réussissant à se mettre à hauteur d’enfants.
Pensez-vous que l’imaginaire est renforcé par le cinéma?
Oui absolument. Le cinéma, notamment le cinéma d’animation, permet d’inventer les scénarios les plus fous et d’embarquer dans des univers qui permettent d’aller au-delà de nos normes et de nos conventions. L’être humain fonctionne beaucoup à travers les images, et comme dit précédemment, les films que l’on découvre enfant peuvent nous marquer pour la vie.
Quel est le premier film que vous avez vu?
Au cinéma, je me souviens être allée voir Bambi avec ma mère et mon frère, mais je n’ai aucun souvenir. Par contre, c’est drôle, il y a une image qui me hantait depuis mon enfance, et j’étais sûre que c’était un rêve que j’avais fait, mais je ne comprenais pas pourquoi j’avais rêvé enfant d’une personne du début du siècle qui se retrouvait coincée dans un lit escamotable. Il m’aura fallu attendre près de 40 ans et de commencer à travailler à La Lanterne Magique pour réaliser que ce n’était pas un rêve mais d’une scène du court-métrage de Buster Keaton «La maison électrique», que j’avais dû voir toute petite.
Quel est le film qui vous a le plus marqué?
Un souvenir plutôt «social»: fêter mon anniversaire avec toute ma classe à la maison, tout le monde assis sur le lit de mes parents pour regarder Hook, de Steven Spielberg!
En terme purement cinématographique, parmi les découvertes en salle, c’est difficile de mentionner un film en particulier, mais pour rester dans la thématique jeune public et faire honneur au cinéma suisse, je garde un souvenir ému de la découverte des courts-métrages de Georges Schwizgebel et ces illustrations qui se transforment en permanence et où la musique joue un rôle crucial.
Un autre film marquant, d’un tout autre genre mais tout aussi virtuose que ceux de Schwizgebel: «I don’t want to sleep alone» du réalisateur taïwano-malaysien Tsai Ming-liang.
Un film constitué de longs plans fixes, au rythme très lent, à la fois très poétique et très politique.
Le 8 avril 2025
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