Les Vikings, le phantasme de la violence

Lucien Pasche

Publié le 07/18/2024

Nul doute que l’Église est très influente à l’époque médié- vale. Jean-Michel Matz et Anne-Marie Helvétius le rappelle dans leur ouvrage «Église et société au Moyen-Âge». Au paroxysme de son pouvoir, elle a établi le long des côtes et rivières un grand nombre de monastères et d’abbayes. Ces bâtiments étaient habités par des moines pacifistes vivant en autarcie. Leur travail et la taille de leur bâtiment leur permettaient de stocker une grande quantité de ressources. Sa puissante influence en Europe la protégeait également de la convoitise des différents seigneurs locaux.

Facile et lucratif

Cependant, les Vikings n’étaient pas soumis à la sphère d’influence de la religion chrétienne. Ils ne se sentaient donc pas concernés par de potentielles punitions divines. Cela les conduisit à attaquer régulièrement des cibles faciles et lucratives comme les monastères et les abbayes. Revers de la médaille, cet opportunisme leur valu une réputation sulfureuse. D’après William Fitzhugh, leurs premiers raids sur le monastère de Lindisfarne vont être interprétés dans un premier temps comme une punition de Satan

Des chefs de guerre exemplaires

Les chefs de guerre qui sont longtemps restés prolifiques et victorieux sont ceux qui ont réussi à gérer les ressources humaines de leurs armées à long terme. Un affrontement superflu mène à des pertes humaines compliquées voire décisives pour la suite. Les Vikings, parmi les meilleurs élèves dans le domaine, nous ont offert un cas d’école sur la gestion des cibles en profitant de leur réseau d’information pour exploiter les faiblesses de l’Église. Avec de puissants guerriers forgés par la terre et la mer, ils débarquaient aussi rapidement qu’ils étaient imprévisibles, forçant le chemin de la même manière, pillant tout ce qu’ils pouvaient et repartaient tout aussi vite, laissant derrière eux un chaos conséquent, nimbé d’incendie. L’impact psychologique d’une exécution rapide et efficace était un point clef de leurs manœuvres. Le moindre affrontement est une perte de temps capital. Il était donc nécessaire de vaincre les résistances très vite, de miser sur une reddition ou une fuite quasi instantanée.

 

Des victimes armées de plumes

Au 8e siècle, la principale production de texte était les manuscrits et les livres écrits par les moines copistes des monastères. Anders Winroth observe dans son livre «The Age of the Vikings.», «que depuis que les Vikings ont attaqué ceux qui avaient le monopole de l’écriture, ce sont leurs actes… qui sont passés dans l’histoire comme infâmes, irrationnels et sanguinaires». William Fitzhugh dans un interview pour «NOVA» ajoute que «quand les commerçants en relation avec les peuples nordiques relatèrent aux Vikings la vision du clergé à leur égard, ceux-ci misèrent sur la peur qu’ils inspiraient pour mener à bien leurs plans». En résumé, même si la réputation de pillards des Viking étaient fondées, celle-ci a été largement nourrie et entretenue par leurs victimes armées de plumes.

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