Par César Evora

Tous les chemins mènent à l’Ex-Rex À l’origine, ce projet artistique et démarche culturelle misent sur pied par Christophe Erard sont une véritable source de découvertes et d’inspirations. L’aventure de l’ex Rex est un mélange de différentes et belles sonorités enrichissantes pour l’âme. Ce lieu est une véritable caverne d’Ali Baba qui nous transporte dans les univers conventionnels et non conventionnels de l’art où se mélangent extase, créativité, magie et couleurs où corps et âme se retrouvent dans une belle complicité artistique à couper le souffle ! Ce cocktail coloré fait maison nous plonge dans de multiples sources ethnographiques et humaines. Cela va sans dire que l’ex-Rex joue un rôle considérable dans la vie pluriculturelle et artistique du canton de Neuchâtel.

Un trait d’union social et multiculturel * « Le projet est de proposer en Suisse romande un pôle de compétences et un point de rencontre entre musiciens et auditeurs dans une démarche autour des musiques vivantes qui sort du cadre habituel régional. Il peut s’agir de concerts, de cours, de conférences, soins de musicothérapie, car les vibrations sonores, elles aussi, sont utilisées depuis la nuit des temps dans cette optique. Un lieu magnifique, une excellente salle de concert de 70 places, une vaste palette de cours, des stages, des concerts, des collaborations artistiques, des résidences et des présentations d’instruments du monde. » Dans ce kaléidoscope ethnoculturel se métissent, se mélangent, se rencontrent, se découvrent sons mélodies et rythmes venus d’ici et d’ailleurs. La beauté et le baume à l’âme des cœurs joyeux viennent se mélanger aux vibrations de ce « musée » palpitant et riche en son genre. L’art est un langage vibratoire sans frontières où toutes les tendances et styles se mélangent, se marient. Nuances, et textures humaines s’harmonisent et vibrent à l’unisson à l’Ex-Rex.

Ainsi l’Ex-Rex se distingue dans le paysage multiculturel et artistique des montagnes Neuchâteloises comme un lieu original. Cet antre mérite notre soutien à tous.

* Source l’Ex Rex

 

Rencontre et interview

Compositeur-musicien émérite, Christophe Erard est un passionné de musique et le fondateur du Centre des Musiques du Monde à la Chaux-de-Fonds.

César Evora : « À quel âge avez-vous chopé le virus de la musique ? »

Christophe Erard : « Depuis le jardin d’enfants et plus tard dans les chorales. »

César Evora : « Parlez-nous de l’Ex-Rex et quels sont vos projets en cours ? »

Christophe Erard : « Faire connaitre cet endroit au travers de concerts et événements en collaboration avec divers artistes. »

César Evora : « Avez-vous un espace destiné aux enfants ? Si oui comment ça se passe ? »

Christophe Erard : « Des cours et ateliers découvertes, visites des classes. Je me rends dans les écoles musicales et dans les crèches, conservatoires etc… j’y présente divers instruments, leurs origines et découvertes dans une approche didactique et humaine. À travers les instruments se crée une porte d’entrée qui favorise tout l’espace et le fonctionnement culturel et social d’une culture. » 

César Evora : « Pratiquez-vous des tarifs sociaux ? »

Christophe Erard : « Oui ! Nous sommes obligés de travailler au rabais. Une personne sans les moyens ne trouvera pas une porte fermée ! »

César Evora : « Recevez-vous un soutien financier de la part de mécènes et des autorités cantonales et fédérales ? »

Christophe Erard : « Non pas pour l’instant. Mais je me rends compte que c’est impossible de vivre sans les sous ! »

César Evora : « Parlez-nous du pot à lait. »

Christophe Erard : « C’est un instrument fait en terre cuite en forme de vase comme un saladier dans lequel on fait tourner une pièce de monnaie. »

César Evora : « Quel est le lien entre le yodel suisse et le yodel africain ?

Christophe Erard : C’est la même technique vocale. La différence réside dans la complexité rythmique. Les pygmés, peuple soi-disant primitif, arrivent à s’intégrer en quelques secondes à notre yodel mais l’inverse n’est pas vrai. Chez les musiques pygmées, il se passe des choses hyper complexes notamment dans la polyrythmie que même un yodleur de chez nous pourrait avoir de la peine à comprendre. L’un n’est pas meilleur que l’autre et notre yodel a aussi ses qualités et ses lettres de noblesse. C’est loin d’être facile de yodler !

César Evora : « Qu’aviez-vous appris au contact des pygmés bantous ? »

Christophe Erard : « Ce qui m’a le plus fasciné, c’est leur capacité d’adaptation phénoménale. Peu importe où ils vont, ils s’adaptent en observant et en se fondant avec facilité dans la modernité. »

César Evora : « Récemment les Pygmées du Congo Brazzaville étaient de passage à la Chaux-de-Fonds. Avez-vous profité de l’occasion pour les inviter à chanter dans une forêt neuchâteloise ? »  

Christopher Erard : « Non ! ils étaient fatigués par le voyage. »

César Evora : « Parlez-nous de vos voyages aux quatre points cardinaux »

Christophe Erard : « J’ai tissé la voie vers l’Afrique de l’ouest (Côte d’Ivoire et Burkina Faso) »

César Evora « Quelle expérience vous a le plus marqué ? »

Christophe Erard : « C’était à Conakry lors du baptême d’une pirogue. La nourriture était offerte. Et, en moins de cinq minutes une masse de personnes s’était mis à table. Ils avaient faim ! Contrairement à ce que j’avais appris en Suisse, je venais de comprendre le besoin et l’importance d’une goutte d’eau et d’une poignée de riz. Nous avons tout en Suisse. Nous vivons dans un pays richissime. Mais il y a plein de gens tristes et déprimés. Aujourd’hui, ce malaise social impacte mon travail, mais je reste positif dans les messages que j’essaie de transmettre. Sans mélodrames ! »

César Evora : « Avez-vous rencontré des difficultés à accéder à l’initiation de certains instruments et aux techniques de chants polyphoniques ? »

Christophe Erard : « Oui ! J’ai découvert que certaines choses ne s’achètent pas. Dans la transmission musicale, l’argent ne m’a pas permis d’accéder au savoir. C’est grâce au développement d’un climat de confiance et dans la capacité potentielle de pouvoir comprendre et de réaliser ce que l’on m’enseigne. J’ai par exemple eu la chance d’avoir la capacité d’être intégré dans des fêtes traditionnelles africaines. »

César Evora : « Aviez-vous eu des facilités à apprendre le chant mongol ? »

Christophe Erard : « Non ! Cela m’a pris quinze ans dans l’apprentissage du chant mongol. »

César Evora : « Entre le talent et le don, que préconisez-vous ? »

Christophe Erard : « J’ai eu la chance d’avoir un don et le talent se travaille. Mais le don peut-être parfois un handicap s’il empêche de travailler son talent. Le don c’est une grâce et peu importe le domaine. »

César Evora : « Que pensez-vous des « musiques » dites modernes et comment voyez-vous leur futur ? »

Christophe Erard : « Les musiques modernes sont liées à l’’évolution de notre société. La part décadente que j’observe dans notre société est observable dans certaines musiques actuelles. J’observe parfois un appauvrissement, une médiocrité qui est un reflet de ce qu’est notre société… voire un miroir ! »

César Evora : « D’après-vous les musiques traditionnelles ont-elles encore un avenir face aux musiques du 21ème siècle ? »

Christophe Erard : « Oui forcément et je ne parlerai pas d’avenir. Pour moi elles ont une grande valeur. Notre société n’est pas en capacité de voir les valeurs de ces musiques traditionnelles. Et comme le disait le vieux sage et chef indien Geronimo : Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas ! C’est triste il y’a beaucoup de choses qui se perdent. »

César Evora : « Avez-vous un message à faire passer ? »

Christophe Erard : « Oui à travers mon vécu et mes expériences, j’ai appris que mon message est en constante évolution. »

César Evora : « Vous considérez-vous comme un messager ou un faiseur de ponts ? »

Christophe Erard : « J’espère bien être les deux et sans aucune prétention ! »

César Evora : « Avez-vous trouvé un bonheur dans votre univers ? »

Chritophe Erard : « Très souvent et beaucoup… »

César Evora : « Comment dit-on dans une des langues africaines ou asiatiques :

Soyez les bienvenus au Centre des Musiques du Monde ? » 

Christophe Erard : « Karibu Sana (Swahili) »

César Evora « Merci Christophe Erard pour votre collaboration et tout de bon pour la suite. »

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