Le premier tour de la ville fait dans le bus touristique m’a permis d’apprécier la beauté et le charme de la ville. Je n’ai commencé qu’à partir du deuxième tour d’écouter les enregistrements qui parlent des bâtiments et des monuments devant lesquels le bus passait. Je me suis senti envahi par beaucoup de nouvelles informations et j’ai essayé de capter et de garder la plupart de celles liées au passé de la ville. Défila ainsi devant nos yeux le palais présidentiel, remarquable par son style néoclassique et dont la construction a eu lieu à la fin du XIVe siècle. Le fait qu’il soit voisin de la faculté de philosophie, la plus ancienne faculté de la plus ancienne université en Lituanie, me fit sourire. Cependant, ce ne fut pas la nouveauté qui me laissa le plus ébahi et stupéfié. L’information particulière qui m’incita ce jour-là à chercher directement plus d’informations sur internet et à refaire le tour en bus une troisième fois ne concernait ni la tour de Ghédimin, la seule partie restante du château de Vilnius, ni la cathédrale catholique et sa flèche, mais un quartier qui a déclaré son indépendance en répondant au nom mystérieux d’Užupis.
Normalement, il y a un peuple qui occupe une certaine terre dans un certain pays et qui veut ou demande l’indépendance pour créer ou restaurer son propre pays. Il y a eu en Suisse le cas du peuple jurassien qui a demandé et obtenu l’indépendance d’un canton suisse, le canton de Berne. La notion d’un quartier d’une ville déclarant l’Indépendance était à mes yeux à la fois nouvelle mais aussi bizarre et stupéfiante..
Après avoir écouté la partie de l’enregistrement consacré à Užupis, je descendis en faisant le hop-off au bon endroit et suivis les directions pour y arriver. Une fois devant la cathédrale orthodoxe de l’Assomption, construite sous le règne du grand-duc de Lituanie Algirdas pour sa seconde épouse orthodoxe, je me dis en moi-même: «je suis sur le bon chemin, je dois maintenant trouver le pont qui m’amènera à la république autoproclamée».
La petite rivière Vilnia s’écoulait près de moi et j’appris plus tard qu’à l’instar des habitants d’Užupis dont le droit à vivre dans ce quartier indépendant était inscrit dans la constitution d’Užupis, ce cours d’eau avait lui-aussi le droit constitutionnel de «couler» à Užupis! Je traversais ainsi cette rivière en marchant sur le pont et je fus saisi alors par la vue de la sculpture d’une sirène nue qui faisait allusion à Juraté, la déesse des sirènes, pleurant son amant mortel de larmes d’ambre selon une légende baltique.
Avant de connaître le récit mythologique baltique assez dramatique et de l’avoir comparé avec le conte mythologique grec de Phaéton et de ses malheurs, et également avec un récit épique sumérien, Gilgamesh et le Taureau céleste, je pensais que la sirène faisait référence à l’Odyssée d’Ulysse ou qu’elle était là simplement pour rendre chacun heureux. En effet, la constitution d’Užupis, à son point 16 garantit à ses habitants le droit d’être heureux même s’il n’y a pas de raison de l’être.
Une courte promenade m’a encore permis de voir d’autres sculptures, comme celle d’une femme nue ressemblant à Astroïte, la déesse de la fertilité mésopotamienne, ou encore celle d’un ange soufflant dans une trompette pour signaler le Jour du Jugement dernier. J’ai également mis ma main dans la sculpture métallique d’une main exposée en plein air faisant référence au drapeau de la république d’Užupis dont le cercle représentant le monde tenant dans la paume d’une main. Je n’ai pas manqué aussi l’occasion de lire la constitution de Užupis trouvée dans de nombreuses versions dans la rue Paupio située près de la sculpture de l’ange de Uzupi.
Après avoir vu la plupart des sites incontournables du quartier autoproclamé, je voulais rencontrer les citoyens d’Užupis et les pères fondateurs si possible. Par conséquent, j’y suis retourné le lendemain en empruntant le même pont et en disant bonsoir à la même sirène de la rivière. Mais au lieu de continuer jusqu’à la place centrale j’ai tourné cette fois à gauche pour enter dans un bar, le Devinké.
Le bar était plein de dessins et de griffonnages y compris sur le comptoir où je pris ma bière. J’ai commencé la conversation avec le serveur en posant des questions liées à la république d’Užupis. Quand j’ai parlé du ministre des affaires étrangères, Thomas Chepaitis, il a pointé le doigt sur l’homme le plus proche de moi qui buvait tout seul et qui accepta ma demande de le joindre. Il a apprécié mon intérêt, répondu volontiers à toute mes questions et m’a informé du haut taux de suicide en Lituanie et Užupis. En demandant davantage d’informations par rapport à ce phénomène, il m’a parlé de l’amour et la déception générée quand une jeune femme rejette l’amour de certains amoureux. «C’est une histoire liée à la mythologie lituanienne et presque chaque jeune fille veut représenter la ‘Laumė’, une sorcière en lituanien», a-t-il ajouté.
L’information précieuse, donnée par mon hôte Thomas Chepaitis me permit non seulement de connaître l’histoire de la sirène de Vilnelé mais aussi l’esprit de la constitution d’Užupis dont les mots clés sont la vie, la mort, l’amour, le bonheur ou encore le malheur.
A part le phénomène de suicide auquel la république d’Užupis fait vraisemblablement face, la constitution a en général une vision moderne favorisant une liberté non entravée par un sens du devoir exacerbé.
Enfin, clin d’oeil à nos amis à quatre pattes, même les droits des chiens et des chats sont protégés par la constitution d’Užupis.
Ma visite à Vilnius et la république d’Užupis a été suivie de plusieurs autres visites parmi lesquelles j’ai pu participer à une conférence intitulée «L’impact des écrivains émigrés et de la diaspora sur les littératures nationales.
Planification de festivals poétiques mobiles et multiculturels» 2018-19 network on mobile multilingual poetry festivals .
Je sais qu’il reste encore beaucoup à découvrir à Užupis et je suis sûr que ma huitième visite à Vilnius ne sera pas la dernière.
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