Le drakkar : un serpent qui sillonne les mers

Rami Ibrahim

Publié le 05/08/2024

En préambule, on soulignera que le snekkja fait partie de la famille des bateaux «langskip», traduction «long bateau», utilisé dans les batailles par les Vikings.

Selon le Larousse, le terme drakkar fait référence en Scandinavie à un dragon. Ce dictionnaire ajoute aussi que le terme est donné usuellement au snekkja, un type de bateaux légers et non pontés que les Vikings utilisaient pour leurs expéditions. Bref point de situation sur ce sujet.

Les autres types incluent le karfi et le skeid. Ce sont des termes provenant des pays nordiques et plus précisément de leur fiction médiévale, appelée sagas. Les types de longs bateaux diffèrent plutôt selon le nombre des postes d’aviron à bord. Le type karfi, par exemple, est le plus petit ayant normalement de 6 jusqu’à 16 bancs pour les rameurs. Quant au skeid, le plus grand des langskip, il avait plus de 30 bancs. Les bateaux de Roskilde (Skuldelev) sont aussi des exemples du type skeid. Le snekkja est au milieu entre les deux autres types avec 20 bancs à ramer.

Le prototype Nydam

Il y a d’autres types de longs bateaux en Scandinavie y compris le prototype Nydam (sans voile) daté d’environ 350 de notre ère. A noter toutefois que le phénomène Vikings s’étend de la fin du VIIIe siècle jusqu’au milieu du XIe siècle. Le Nydam peut donc être considéré comme l’ancêtre des langskips Vikings. 

Drakkar, une réalité ou une fiction? 

Nos informations par rapport au drakkar comme type de longs bateaux vikings proviennent non pas de la recherche archéologique mais des sagas en particulier, celle racontant la légende de fornaldarsögur.  Le drakkar y est décrit comme un long bateau viking avec une tête de bête menaçante à proue, en l’occurrence un serpent (ou dragon).

Les fouilles archéologiques n’attestent en revanche de la découverte d’aucun navire de type drakkar. Par conséquent, la réplique du bateau viking Skuldeleve 2, «Étalon des mers»,  exposée au musée des navires vikings de Roskilde au Danemark, n’a pas de sculpture de dragon ou de serpent. Cela a-t-il suffi à satisfaire l’imagination et les émotions des Norvégiens passionnés par fornaldarsögur? Bien sûr que non! Une autre réplique, Draken Harald Hårfagre, a été réalisée en Norvège en s’appuyant sur l’archéologie expérimentale, moins stricte que l’archéologie classique et laissant plus de places aux récits fictionnels.

Un peu plus d’étymologie des mots «snekkja» et «drakkar»

Bien qu’il existe d’autres types de bateau Vikings, le dictionnaire Larousse met l’accent en particulier sur le snekkja avec son ornement de tête de serpent figurant sur sa poupe ou sa proue sans doute à cause de l’imagerie bestiale que ce type de drakkar véhicule. Le terme donné pour le serpent en norrois est snákr.  Le vieil anglais fournit la forme snacc (snack en moyen anglais et snake en anglais moderne). Le serpent ou le grand serpent est ce que nous trouvons aussi en cherchant l’étymologie des mots: dragon, draconem en latin, drakon en grec et draca an vieil anglais. Finalement, la définition de draca selon Isidore of Seville (c.560–636), l’auteur de Etymologiae (mot latin pour Les Etymologies) est un serpent dont les parties du corps y sont collées.

Pour rappel, la figure du serpent est très présente dans la mythologie nordique. Selon les chercheurs, ces têtes de serpents à l’avant des bateaux avaient comme fonction de protéger l’équipage dans ses périples sur les mers.

Voir la figure du serpent Jörmungand dans la mythologie nordique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jörmungand

Sources:

En français:

Larousse. (s. d.). Drakkar. Dans ​Dictionnaire en ligne.​ Consulté le 15 novembre  2023 sur https://www.larousse.fr/dictionnaires/français/drakkar/26735

En anglais:

Acker, P. (2013). Dragons in the Eddas and in Early Nordic Art. Revisiting the Poetic Edda. Essays on Old Norse Heroic Legend. New York: Routledge, 53-75.

Berloga Workshop.(2019). Drakkar. Archived from the original on 29 January 2023. Retrieved on 14 November 2023. https://web.archive.org/web/20230129054929/https://berloga-workshop.com/blog/190-drakkar.html

Poole, R. (2012). Guthormr sindri, Hákonardrápa 7. Skaldic Poetry of the Scandinavian Middle Ages, 1, 166-166.

Sayers, W. (1996). The Etymology and Semantics of Old Norse» knǫrr»’cargo ship’: The Irish and English Evidence. Scandinavian Studies, 68(3), 279-290.

Werenskiold, Per. (2011). “The Most Sophisticated and Successful High-Speed Ships for Their Time.”

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